jeudi 25 juin 2009

La fin de l'angouèsse


La photo d'aujourd'hui représente Caroline et moi dans une scène typique de casa Marranghello, c'est à dire en train d'étudier.  Sauf que cette fois on a été déconcentrées par un livre qui traînait depuis des semaines dans le salon (du photographe Richard Kern).  Eh oui je tiens entre les doigts UNE CIGARETTE.  Ça arrive.

Je suis désolée de décevoir mes fans qui croyaient en moi, mais j'ai échoué mon examen écrit d'art médiéval de ce matin.  C'était vraiment trop difficile, fidèle à sa réputation quoi.  En même temps je suis pas trop triste car JE SUIS EN VACANCES! À MOI L'ITALIE! Et pis je pense que c'était pas par paresse que j'ai pas réussi; j'avais vraiment beaucoup étudié.  Bon c'est sûr que d'un point de vue ça me fait un peu chier d'avoir passé un mois et demi presque chaque jour enfermée à la bibliothèque ou chez moi, à lire des textes incompréhensibles, à lire deux fois plutôt qu'une "La O di Giotto", et tout ça pour rien, mais que voulez-vous? Au moins, je vais pouvoir faire ma prétentieuse à mon retour au Québec et dire "ah oui, ça je l'ai vu à Padoue, Giotto ouais" ou parler de crucifix aux party de Noël (voyez le lien).

Marie, ma cousine chérie, arrive de Croatie demain.  Elle prend le traversier de nuit, je la récupèrerai donc à la gare (elle sera sans doute en pleine forme) en avant-midi le 26.  J'ai déjà hâte de lui expliquer le système de vérouillage de la porte de la salle de bain chez nous.  Le 27 c'est son anniversaire, il y a un party le soir chez le manager (maison dans les collines); ça tombe bien quand même.  Sinon, on ira peut-être à la plage et aux Cinque Terre.  Si le temps le permet.

La semaine passée, j'ai accueilli 3 norvégiens de couch surfing sous mon toit.  En fait, j'avais refusé au départ parce que 3 norvégiens dans une maison, ça va mal pour étudier.  Mais je leur ai quand même donné mon numéro de téléphone et on est allés boire quelques bières.  J'ai fini par les héberger un soir la semaine suivante, parce qu'ils devaient prendre leur avion de retour à Oslo.  Ils étaient cool, malgré que j'ai eu peur que la conversation prenne une tournure déplaisante car j'avais lu sur le profil d'un des gars qu'il faisait partie d'une organisation chrétienne; j'avais donc tourné de bord notre carte postale de Benoît XVI, histoire de ne prendre aucune chance.  Finalement, à part la croix dans le cou, j'aurais jamais pu deviner que ces trois jeunes hommes (19-20 ans) étaient croyants, surtout avec les mots qu'ils m'ont appris en norvégien: "voulez-vous coucher avec moi", "avez-vous seize ans" (voyez le lien), "tu es beau", etc.  Bref, si je vais en Norvège je ne saurai pas comment demander mon chemin, mais au moins je peux dire que je sais des mots qui ont des ø.  Comme øl (bière).  Ils m'ont aussi offert le cadeau le plus absurde qu'un invité couch surfing m'ait jamais fait: un paquet de nectarines.  Mais c'est vraiment cool, merci!

Alors maintenant que j'ai fini d'étudier, je me retrouve sans but dans la vie sauf celui de noyer mon échec dans l'alcool; on verra.  Sinon, on reçoit encore des visites pour la chambre de Caro et la mienne.  Le plus dur est de faire oublier aux éventuels "marranghelliens" les craques au plafond, les trucs écrits sur les murs, les fils internet qui traînent dans le couloir (on n'a pas wireless).  Pour ce faire, on échange rires, blagues et sourires complices devant eux, genre sympathiques mais vraiment sympathiques (on a quand même écrit "coinquilini mitici" sur l'annonce, colocs "mythiques" quoi).  Je me suis aussi inventée un rôle: le rôle de la fille qui lave la vaisselle quand quelqu'un arrive.  Ça fait un peu: "c'est le bordel chez nous mais on est propres quand même".

La semaine dernière je suis allée voir un film, en italien c'est "Uomini che odiano le donne", le film basé sur le premier livre de la trilogie Millenium, de Stieg Larsson.  C'est un film avec des suédois qui parlent italien.  C'est bon, je pense que c'est bien d'avoir lu le livre avant par contre.

J'ai changé... j'adore maintenant les olives.


mardi 16 juin 2009

Hop hop hop on étudie


Il est 10h30 du matin et Mike, mon coloc (un italien des Pouilles), se fait cuire une saucisse pour déjeuner.  

La photo d'aujourd'hui représente mon lit dans un monde idéal, c'est-à-dire fait.  Avec mon drap préféré à motif de petits lapins dormant sur des croissants de lune.  Caro et moi partons de casa Marranghello en même temps, donc on est en train de mettre des annonces partout.  Ça fait bizarre de recevoir des visites de gens alors qu'il me semble qu'hier c'était moi qui visitait cet appart.  

Rien de bien nouveau sinon que je continue d'étudier pour mon examen le 25 juin.  Je vais à chaque jour à la bibliothèque du département des arts visuels, je lis des textes sur la comparaison entre les peintres de Rimini du 14e siècle et ceux de Bologne de la même époque, je prends des manuels et je regarde des images; c'est plate.  Je ne sais pas quoi vous dire d'autre.  Les grandes chaleurs ont recommencé, à 35 celcius les odeurs corporelles peuvent devenir assez moyenâgeuses.  

Samedi dernier, mon ami Valerio m'a convaincue de laisser mes bouquins et de venir passer la journée à la plage.  Destination: Marina di Ravenna.  Ma première baignade dans l'Adriatique, wouhou! J'avais invité Caro, ma coloc.  Comme j'étais timide d'être en compagnie de 4 hommes italiens, je me suis crémée en vitesse (donc extrêmement mal).  Résultat, coups de soleils et traces de doigts.  Ça me fait une belle jambe (ou deux, plutôt), littéralement.  Pour ceux que ça intéresse, la plage était belle mais près de l'eau il y a beaucoup de coquillages, ça fait mal aux petons.  Quant aux vagues, rien de bien haut mais on a ben du fun quand même.  Vers 18h, le 'happy hour' nous attire comme des bébés chats affamés: on se boit quelques bières dans une ambiance style Club Med: grosse musique, gars musclés, pitounes bronzées, bref, mon genre de place.  Comme Valerio restait dormir près de la plage pour en profiter à nouveau le lendemain on a pas pu rentrer en voiture avec lui, mais il est quand même venu nous reconduire à la gare de Ravenna, le gentil.

Au cours des derniers jours, j'ai réalisé que je m'en allais dans un mois.  Ça m'a fait penser que je dois faire le plus de choses possibles avant de m'en aller.  Cette semaine je suis allée faire l'épicerie à la Coop avec Caro et j'ai pris des photos, je les mets subito sur www.flickr.com/photos/siropdelapin.  J'ai aussi été clubber aux Giardini Margherita (c'est comme s'il y avait un club en plein milieu du Parc Lafontaine); c'était pas écoeurant, mais je l'ai fait! Avez-vous d'autres missions pour moi?

lundi 8 juin 2009

Traumatisme numéro 1: 25/30


C'est un peu plate de passer les dernières semaines à Bologne enfermée à casa Marranghello ou à la bibliothèque des arts visuels.

Quelques uns d'entre vous savaient qu'aujourd'hui, le 8 juin, c'était le jour de mon premier examen.  Le 8 juin, c'est aussi le 159e jour de l'année; Descartes publia son Discours de la méthode un 8 juin, et c'est aussi le jour qu'ont choisi Nancy Sinatra et Kanye West pour naître (à 37 ans d'intervalle).  Le 8 juin, c'est aussi la "Journée Mondiale de l'Océan".  

Mais le 8 juin 2009, c'était surtout le jour de mon premier examen oral.  Mon entretien intime et sensuel avec Vera Fortunati, ma prof d'histoire de l'art "moderne" (donc du 15e au 17e siècle en Italie).  Pour vous faire un bref portrait de la Fortunati, elle est directrice du département d'arts visuels, elle enseigne plusieurs cours, a collaboré à la rédaction de plusieurs ouvrages, ce n'est donc pas n'importe qui.  Je garderai un souvenir impérissable de ses cours où elle se mettait soudainement à gueuler dans le micro, s'emportant sur des aspects d'une peinture qui venaient la chercher.  Elle était comme ça la Fortunati: très passionnée, mais épeurante.  Sauf mon respect, elle me faisait un peu penser à la méchante Ursula dans La Petite Sirène.

Donc, à 9h, Mylène et moi on se retrouve à attendre devant le bureau de la Fortunati avec une quinzaine d'étudiants.  On était figées de terreur.  J'étais incroyablement stressée.  La veille, Caro m'avait demandée de parler de la Joconde, juste pour le fun.  Ma réponse ne m'avait moi-même pas rassurée, n'empêche que Caro m'avait donné 22/30.  Bon.  Alors pour en revenir à l'action principale, j'étais nerveuse.  J'avais assez étudié, mais en italien l'information rentre moins bien dans mon cerveau.  J'attends 2 heures et demie dans le couloir avec Mylène, angouéssée morte.  Chaque fois qu'un étudiant sort du bureau de Mme F., les regards se tournent pour essayer de déchiffrer dans une seule expression faciale le plus d'indices possibles sur la difficulté des questions.  Une fille sort en pleurant: meeeerde.

L'examen se passe donc dans le bureau de la prof, qui est accompagnée d'une assistante.  La scène faisait un peu "interrogatoire de police" au cinéma, avec un policier méchant et l'autre super gentil.  La Fortunati avait une attitude entre "vous n'avez pas beaucoup étudié" et "dites-moi ce que vous savez de Leonardo, c'est vraiment un sujet élémentaire" tandis que son assistante me regardait en me faisant des grands sourires encourageants et en me complimentant sur mon niveau d'italien (qui pourtant n'était pas au top de sa forme ce matin-là).  J'ai la bouche sèche, je tremble.  J'avais envie de vômir (devant la Fortunati, ça aurait tu été assez baroque à votre goût?).  Je parle de la Joconde, de Michelangelo, bref au moins j'avais les classiques.  J'ai parlé du livre que j'avais à lire, Saturno e la Melancolia.  J'ai parlé de l'extase de Teresa d'Avila.  J'ai rien dit de particulièrement intelligent mais je m'en suis tirée avec un 25, Mylène aussi.  Ouf! On a mangé une pizza pour fêter ça.

Bon sinon, c'est bien beau mais j'ai un autre examen le 25 juin (art médiéval), avec le prof Benati.  Je pense que ça va être encore plus difficile... je vous dis que je vais en regarder des crucifix pendant les deux prochaines semaines.

Sur une note moins stressante, j'ai hébergé la semaine passée mes derniers invités de couch surfing à Bologne (avec cet examen qui s'en vient, non ce la faro' mai, j'y arriverai jamais quoi).  C'était un couple de Montréal, Greg et Carole; en fait, Greg a grandi a Toronto et habite depuis 8 ans à Montréal.  Carole est bretonne, elle a fait un échange étudiant à Concordia il y a 3 ans je crois, elle a trouvé un appart dans lequel habitait Greg.  Ils sont tombés amoureux une semaine avant qu'elle retourne en France.  C'est beau l'amour non? Peu importe, bien sympa ce duo, surtout que j'ai eu plein de beaux cadeaux, dont du beurre demi-sel et un gros morceau de fromage du Trentin Haut-Adige.  J'aime le couch surfing! Il y a deux jours, mon sommeil s'est vu troublé par un joueur de flûte à bec (il jouait pas très bien); hier, pendant qu'on étudiait dans la cuisine, une personne du voisinage a essayé de jouer au moins pendant 20 minutes The Girls From Ipanema à la flûte traversière (c'est un débutant).  Je sais pas c'est quoi la passion ici pour les instruments à vent! Je suis aussi retournée à la maison du manager, où j'ai vu des centaines de lucioles voler dans les herbes hautes.  C'était la plus belle chose que j'ai vu de mâââ vie.



Bon, assez parlé.

vendredi 29 mai 2009

Antiquité grecque ou romaine?


En vedette cette semaine, le mauve.  Le mauve est partout en Italie, ça fait presque mal, c'est comme ça au Québec aussi?

Vous rappellez-vous de Francesco no2, celui qui fait du bruit avec des casseroles et des balles de ping-pong? Et de Giorgio, le gars qui fait des merveilles avec de la roquette? Ces deux-là étaient partis pendant quelques mois faire du bruit un peu partout en Europe; ils jouent ensemble.  Hier, ils jouaient à l'XM24, un autre de ces "centro sociale".  Personnellement, j'étais jamais allée.  Je me souviens que Caro m'avait dit à propos de l'endroit: "À côté de toi, un groupe d'amis fument du pot; à la table devant, ça sniffe de la coke; pis dans le coin, y a un gars qui se shoote."* D'accord.  Mais j'ai décidé d'affronter le danger et d'y aller.  De tout façon, les junkies c'est comme les abeilles, si tu bouges pas ils te laissent tranquille (...mmh).  Donc, j'arrive à l'XM vers 20h, c'est bien car il fait encore un peu jour, il fait beau et pas trop chaud et à l'extérieur, il y a plein de kiosques de vêtements usagés, de fruits et légumes, de bouffe bio.  Checo (c'est le surnom de Francesco no2, on prononce "keko") et Giorgio doivent monter leurs trucs donc comme je suis laissée à moi-même, je m'achète un bout de pizza et une bière pour me donner une contenance.  Je finis par voir le Manager assis avec quelques autres personnes dont Valentina, la blonde de Giorgio.  

Si vous êtes avec des gens que vous connaissez peu, un des jeux auxquels vous pouvez jouer pour combler le silence et malaise éventuels et de se poser des questions simples.  Du genre "vin rouge ou blanc?" "Beatles ou Rolling Stones?" "Paris ou Londres?" En attendant que le show commence, donc, on s'est posés tout plein de questions.  Point de vue statistiques, la plupart d'entre nous préfèrent la banane à la pomme (sauf Luciano qui a dit: "Je hais les bananes, je les trouve abominables et je les tuerais toutes.") et les Beatles aux Rolling Stones.  J'ai appris que le Manager préfère le Ricard au Pernod, l'antiquité grecque à l'antiquité romaine, la littérature française du 19e siècle à la littérature russe de la même époque, les olives vertes au olives noires, Superman à Batman, Boris Vian à Serge Gainsbourg... etc.

On descend dans une petite salle pour écouter nos amis jouer.  Et jouer est le mot juste: à les voir accroupis à piocher sur un minuscule clavier Casio et faire de la percussion avec des fourchettes avec un enthousiasme hallucinant, on aurait dit deux bambins en train de s'amuser naïvement.  C'était déjà assez absurde, mais voilà que des gens se joignent au public (on était assez peu, une quinzaine peut-être) en criant à plusieurs reprises "ACAPULCOOOOOOO" et en bousculant les instruments de percussion; le "parté" était bel et bien "pogné".

Le reste de la soirée fut rempli d'anecdotes plus ou moins importantes.  Tout ce que je peux dire, c'est que je me suis réveillée à 15h avec une soif épouvantable.  Et que je ne sors pas ce soir.  Pour rassurer mes parents, je ne me suis pas fait piquer par des junkies.

Quant à ma vie en général, je vais en surprendre plusieurs: j'étudie à chaque jour (serais-je devenue plus studieuse que Nicolas?).  Hier ça a été un peu difficile de se concentrer car on a reçu la visite de la proprio, Mme Menarini (communément appelée la Menarini), qui était accompagnée de deux jeunes géomètres qui avaient l'air d'être encore au cégep.  On m'avait parlé de la Menarini dans le passé mais c'était la première fois que je la rencontrais.  Julian me dit: "si elle te pose des questions, tu dis que tu ne sais rien et que tu n'as rien vu."  Mike: "t'en fais pas, elle dit rien, elle fait juste balayer la pièce commune d'un air dégoûté." Ce qu'elle a effectivement fait.  

À part ça, je me fais des bons cafés et au concours de celui qui se lève le plus tôt le matin, c'est souvent moi qui gagne (ça, ça va surprendre papa et maman).  Ça fait longtemps que j'ai lu Dylan Dog, je m'ennuie de lui.  Je m'ennuie aussi des pâtes, à cause de la chaleur des derniers jours je n'ai rien cuisiné.

Je vous laisse avec une expression fameuse qui circule surtout dans le groupe avec qui j'étais hier: "Che spettacolo!" (ou simplement "Spettacolo") qui veut dire "Quel spectacle!"  Ce qui est bien c'est que vous pouvez l'utiliser à toutes les sauces.  Par exemple, Britney Spears fait un bon show: Che spettacolo! Votre ami glisse sur une peau de banane: Che spettacolo! Vous rentrez chez vous et c'est le bordel: Che sp...

*Sauf qu'elle est française, elle l'a pas vraaaaiment dit comme ça.

vendredi 22 mai 2009

Fait chaud


Cette semaine, il a fait en moyenne 32 à Bologne.

L'été à Casa Marranghello* s'annonce ardu.  L'avantage d'habiter sur Piazza Aldrovandi, c'est que c'est centrissimo, au centre quoi.  Sauf que du mercredi au samedi, de minuit à 3-4h du matin,  les fêtards aiment bien passer par notre belle place (c'est la plus belle de Bologne) et chanter des chansons.  Plus c'est fort, mieux c'est.  La fenêtre fermée, ça allait toujours, mais depuis quelques temps, il faut s'habituer au bruit.  Et croyez-moi, les italiens sont assez excentriques dans leur manière d'être saoul.  Hier, à 4h30 du matin, c'est le silence et tout le monde dort.  Sauf un type qui joue de la clarinette vraiment fort (mais peut-on jouer de la clarinette silencieusement?) sur la rue devant.  J'en étais presque au point de me lever et d'aller gueuler à la fenêtre: "BASTAAAAA!!!" sauf qu'un vieux monsieur du bloc d'à côté a eu plus de classe.  Il a ouvert ses volets et a dit d'une voix blasée: "allora?" (dans le sens de alors, tu arrêtes de nous casser les pieds?"  Bon, je m'habituerai au bruit... dormir la fenêtre fermée, j'"aguis ça", comme dirait Victor-Lévy Beaulieu**.

C'était cool avec Marianne et Laurie, les deux québécoises que j'hébergeais récemment.  Finalement, on l'a fait, cette fameuse poutine (merci à Gab pour l'envoi des sachets de poutine!), non sans mal.  On a craint pour la vie des frites (faites maison), et à un certain moment on était vraiment convaincues que ça allait être un échec.  Mais finalement non.  J'étais tellement émue que si j'avais été toute seule j'aurais pleuré.  Ahhh me voilà accro de nouveau!  En tout cas, j'ai mis mon restant de sauce dans un pot écrit "mascarpone" dessus... celui qui va ouvrir le pot en pensant y trouver de la mascarpone va avoir une méchante surprise.

L'autre jour, j'étais en train d'étudier dans la cuisine, assise dans l'embrasure de la fenêtre.  Je vous jure que j'aurais étudié tout l'après-midi si ce n'eut été de Luca qui entre et qui me dit: "Allons à la maison du Manager".  Ça sonne mafieux, mais le "Manager" est le surnom de Lorenzo, un ancien de Casa Marranghello, qui habite maintenant avec 2 colocs dans une maison de campagne à 30 minutes de Bologne.  Quoiqu'il en soit, je n'ai pas pu refuser.

Et j'ai bien fait! Sa maison est située dans les collines... euh... émiliennes? En tout cas.  Il a un grand terrain avec des figuiers, un barbecue en pierre, un chat, un ballon de soccer... Pour dîner, on s'est fait des "soucisses" et des aubergines et poivrons sur le gril.  On a bu du vin des vignes avoisinantes.  On a joué avec Bach, le chat.  Beck, The Clash et Boris Vian ont respectivement émerveillé nos oreilles à travers les speakers de la fenêtre.

Ne vous étonnez pas si j'y emménage l'année prochaine... je niaise.

Aujourd'hui j'étais à la recherche de gougounes cheap parce que chez nous, je marche pieds nus et après 5 minutes mes pieds sont NOUÈRS.  Je pensais naïvement qu'à force de ramasser la crasse sous mes pieds comme ça le plancher allait finir par être propre, mais non... Donc,  le vendredi et le samedi à Bologne il y a un marché où on peut acheter toutes sortes de cossins: des sacs réutilisables écrits "merry christmas" dessus, des bobettes avec de la paillette, des tapis de bain, un set de napperons aux couleurs de l'Italie, etc.  Vous connaissez mon amour du kitsch, j'avais de la misère à me retenir devant tous ces bons deals, mais je me suis dit avec sagesse: Jeanne, tu sais déjà pas comment tu vas faire pour ramener toutes tes bébelles au Québec.  J'ai pris une grande respiration et je suis partie (sans gougounes).

*Casa Marranghello, c'est le nom qu'on donne à notre appart.  Marranghello est le nom de famille d'un type qui a habité ici il y a longtemps; personne ne le connaît mais toutes les factures sont à son nom.
**Aguis=Haïs.  Mon diplôme d'arts & lettres me sert à quelque chose.  Ne sous-estimez jamais votre DEC!

Ah, pis j'ai ajouté des photos sur www.flickr.com/photos/siropdelapin


dimanche 17 mai 2009

Minou


Dernièrement on m'a dit que mon blog était ben l'fun à lire, merci c'est apprécié.  Il manquerait juste que Patrick Lagacé me fasse une plogue sur son blogue de La Presse et je serais la plus heureuse des femmes.

J'ai vécu les derniers jours un peu en ermite.  D'abord parce que j'étudie (j'essaie), et aussi parce que j'avais pas envie d'appeller personne.  Ça arrive.  Il faut dire que Benji est parti en Chine depuis le 12 mai, avec 60 piasses dans ses poches.  Magda, pareil.  Il revient juste le 29 juin, donc c'est avec une face de cocker que je lui ai dit bye, buon viaggio.  Quand on va se revoir, je vais être sur le bord de partir à l'aventure à mon tour... déjà!

Le 7 mai fut marqué par l'arrivée de Minou.  Vous allez me dire: "trop cute, vous avez adopté un p'tit chat!" Détrompez-vous.  Minou, c'est la maman de Caro, ma coloc française, en visite à Bologne jusqu'à demain.  J'étais contente parce qu'elle avait ramené quelques vivres: du vrai beurre (oui, le beurre italien est pas cher, mais c'est parce qu'il est dégueulasse!), du Maroilles (fromage du nord de la France absolutely délicieux), du vrai pain baguette, etc.  Pour célébrer ça, Caro a fait une lasagne orgasmique, j'étais plutôt ravie.

Il y a deux jours, on s'est fait une journée du style "visitons deux villes italiennes".  Notre choix: Padoue en avant-midi, Vérone en aprem.  Côté température, on était pas très choyées.  Le temps gris et pluvieux nous a suivies jusqu'à Vérone, mais au moins ça avait l'avantage de ne pas trop nous faire transpirer.  Padoue: on en fait vite le tour, joli mais sans plus.  Par contre, on s'est vraiment payées la traite à la Chapelle des Scrovegni, couverte de fresques de Giotto.  Moi qui l'étudie pour mon cours d'histoire de l'art médiéval, j'étais contente.

Quand on est arrivées à Vérone, j'ai commencé à inventer des tounes sur l'air de My Sherona, parce que c'est presque comme Verona ("On est allées à Padoue / pis y pleuvait / Pis après on est allées À VERONA!"), bref.  Pour ceux qui l'ignorent, Vérone est le lieu où prend place l'histoire de Roméo et Juliette.  Bien que les Montaigu et les Capulet soient deux familles ayant réellement existé, mes recherches semblent indiquer que les personnages de Roméo et Juliette sont complètement fictifs.  C'est comme le Père Noël.  N'empêche, quand on peut faire du cash avec quelque chose, on se gêne pas.  Moi qui aime les cartes postales laides, j'étais vraiment bien servie.  Côté attractions, il y a bien sûr la "maison" de Juliette avec le fameux balcon (qui aurait apparemment été rajouté au XXe siècle, selon mes informateurs) sous lequel Roméo cruisait sa belle. Caro demande: "bon, y a plein de trucs à voir à Vérone... la maison de Juliette, on s'en tape, oui?"  Une heure et demi plus tard on était à la maison de Juliette.

Pour accéder à sa baraque, il faut passer dans un portique qui au fil des années a été couvert de messages d'amoureux ou de post-it de célibataires cherchant l'amour.  Puis on arrive dans une cour intérieure où il y a: primo plein de touristes, deuzio le balcon de Juliette, terzio la statue de Juliette.  On dit de cette statue que si on lui touche le sein, ça porte chance en amour.  La pauvre Juliette, elle a du en voir des vertes et des pas mûres depuis tout ce temps.  Ça y allait de flash et de poses absurdes.  Prenant mon courage à deux mains, je me dis: "heille, on est touriste où on l'est pas".  Je donne ma caméra à Caro et je m'en vais "toucher le toton" de Juliette.  Quant à Caro, elle lui a plutôt "tripoté les nibards".

Malgré l'affluence des touristes, Vérone m'a vraiment charmée.  C'est plein de petites rues, de belles fenêtres à balcon, de fleurs; le charme y opère au même titre que Venise.

Ben sinon, j'héberge depuis hier deux filles de Québec sur Couch Surfing.  C'est bien cool, on va peut-être se faire une poutine ce soir.  Le père d'une des filles est André-Philippe Côté, le caricaturiste.  C'est drôle la vie quand même.

Bon eh bien sur ce, je vous laisse.  Je vais au Parc Lafontaine pour lire un livre qui s'appelle "Saturno e la melanconia".  Addio!

jeudi 7 mai 2009

Tic Toc Tac


Quand je suis revenue de France, j'ai eu un gros rhube pendant un bon 3-4 jours: Bienvenue à Bologne, "tin", v'là un rhume et de la pluie! Youpi.  Ça fait maintenant 2 semaines que je suis revenue, retour à la réalité: je dois étudier.

Je vous explique brièvement le système universitaire italien, pour ceux encore ignorants dans le domaine.  Si l'Italie peut se vanter d'avoir des tonnes de ruines, des mamma qui cuisinent des sauces à spaghatte délicieuses dans des grosses marmites, des belles peintures, du bon café et une gestuelle géniale, l'école c'est toute une autre affaire.  Alors voilà: rien à faire de la session, mais à la fin il y a un examen écrit et un oral.  Pour ma part, les deux cours que j'ai sont des cours d'histoire de l'art.  Pour l'examen écrit, je dois donc étudier tous les manuels d'histoire de l'art que je trouve sur mon chemin (j'en ai pas encore trouvé dans les bacs de recyclage par contre), mémoriser des tonnes d'oeuvres par coeur, Ghirlandaio, Aspertini, Leonardo, tous ces gars-là.  À l'examen, le prof projette des diapo: une dizaine, 5 minutes chacune pour identifier l'artiste, le titre de l'oeuvre et l'année ainsi qu'un bref commentaire ("full beau").  J'ai un cours où une chance, les étudiants étrangers n'ont pas à faire l'examen écrit.  Par contre, mon prof d'histoire de l'art médiéval est particulièrement sournois.  Les diapo sont souvent des "zoom" de peintures, donc comment je suis sensée savoir que la face de Saint-Mathieu ou qui sais-je encore est en fait à l'extrémité droite du crucifix de machin? En tout cas, ils sont de même en Italie.  Après, si je passe l'examen écrit, j'ai l'immense privilège d'avoir un entretien avec le prof ou un de ses nombreux assistants; cet entretien, c'est l'examen oral.  Pour ça, je dois lire et relire un livre au choix parmi une liste dans le plan de cours et répondre à une question en lien avec le contenu.  Le prof me propose une note sur 30, j'ai le choix d'accepter ou de refuser.  Si je refuse la note, j'ai la possibilité de reprendre l'examen oral; il y a 3 "appels".

Le bon côté de tout ça, c'est qu'étant étudiante étrangère, je me fous de la note.  Sur mon relevé de notes de l'Université de Montréal, ça sera écrit "Équivalent".  Donc si j'ai 18/30, ou 30/30, on s'en fout.  En autant que je passe.  Le mauvais côté c'est que c'est con comme système.  Et donc 1 mois et demi à l'avance, je dois aller presque chaque jour à la bibliothèque pour regarder des images de statues et de madones tristes parce que Jésus est mort.  Hé seigneur!

Mais bon, assez chiâlé.  Ça fait 2 semaines que j'ai pas écrit parce que je savais pas quoi donner comme nouvelle.  Mais hier j'ai passé une assez drôle de soirée qui mérite sa place sur mon blogue.  En fait, Magda, la blonde de Benji (aussi mon amie), mon coloc chilien, est venue coucher à la maison.  Elle est arrivée vers 22h30 en me disant qu'elle allait rejoindre deux de ses amies du secondaire italien.  Magda vient d'une région au nord de l'Italie, sa langue maternelle est l'allemand mais elle a appris l'italien à l'école.  Donc ses amies sont ici pour faire de la traduction italien-allemand-anglais pour deux allemands qui, attachez-vous bien, sont venus assister à une convention de VÊTEMENTS ET D'ACCESSOIRES POUR CHIENS.  OUI! Je pouvais pas mieux tomber.  Donc on va les rejoindre, sur Piazza Verdi.  C'est drôle parce que les allemands sont vraiment le cliché des allemands un peu brusques et qui parlent fort.  Au début j'étais contente parce qu'ils ont ben du cash et je me faisais payer des mojito, "enwèye don".  Et puis on parlait de chiens, je trouvais ça extrêmement drôle et absurde.  Mais bon un des gars aimait bien s'écouter parler, donc après une demi-heure de chien, on a eu droit à ses états d'âme quand il conduit un tracteur, ses opinions sur le marché du thon, sur le végétarianisme (les végétariens ont quelque chose qui manque dans le cerveau donc ils sont pas aussi intelligents que les autres, etc.)  Inutile de dire qu'après Obama et Las Vegas j'en avais plein mon cass' (ça rime).  On feint la fatigue et avec Magda, on rentre boire une bouteille de vin chez moi.

Sinon, la vie continue.  Le temps passe vite.  Hier, je suis allée me chercher une pizza à la pizzeria en bas de chez nous.  En attendant mon festin, je me prends un magazine au hasard.  Ça s'avère être une revue faite exprès pour les "chefs" de pizza: annonce de fours à pizza, recettes, congrès de pizza, des photos du meilleur "pizza man" d'Italie avec Miss Italia, etc.  Mais j'ai trouvé ça drôle parce qu'à une page, il y avait une pub pour un four à pizza extra-puissant sur lequel trônait une pitoune italienne en robe de soirée.  Je me suis dit, dans le monde, y a les pitounes de char et en Italie, y a les pitounes de fours à pizza.

Fin de l'entrée.